Le ministère du Travail juge que ce dispositif, qui finance des formations longues, a dévié de ses objectifs. Les syndicats montent au créneau pour son maintien.
Le congé individuel de formation (CIF) vit ses derniers mois. Dans le document d’orientation fixant les grands objectifs de sa réforme de la formation professionnelle , transmis la semaine dernière aux partenaires sociaux, le ministère du Travail a fait un constat très clair : ce dispositif – le seul qui permette de suivre une formation longue rémunérée à visée professionnelle ou personnelle – converge de plus en plus avec le compte personnel de formation (CPF), né de la réforme de 2014. « Le CPF doit donc devenir l’unique droit personnel à la main des individus dans une logique d’appropriation directe, c’est-à-dire d’autonomie sans intermédiaire obligatoire », indique le texte.
Fermez le ban ? Pas sûr. Car la réaction des syndicats n’a pas tardé . A leurs yeux, le CIF reste le meilleur outil pour assurer les transitions professionnelles lourdes. « Le CIF sera au coeur de la négociation », a prévenu Catherine Perret pour la CGT qui voit derrière l’acte de décès annoncé la main du patronat. « Nous sommes opposés à sa suppression », a renchéri Jean-François Foucard pour la CGC.
Facture astronomique
Doté d’un financement spécifique qui représente environ 1 milliard par an, le CIF est un dispositif « utile » favorisant des transformations professionnelles sécurisées, et qui affiche un taux d’échec faible, notait récemment la Cour des comptes . Mais un dispositif qui, après trente ans d’existence, affiche nombre de faiblesses. Il ne bénéficie qu’à peu de personnes (40.000 en moyenne par an sur la période 2010-2015). Les formations ne visent pas assez les métiers de demain et l’ensemble est mal piloté.
Plus fondamentalement, si l’exécutif a signé sa condamnation à mort dans sa version actuelle, c’est surtout parce qu’il juge que ce dispositif a dévié de ses principes de départ, passant d’une « logique de promotion sociale » à une logique « de reconversion professionnelle ».
Le souci, en fait, est très terre à terre : compte tenu du coût d’une formation de reconversion version CIF (25.000 euros en moyenne selon la Cour des comptes), en faire un droit universel pour 19 millions de salariés via le CPF est inatteignable financièrement. « Même crédité de 400 heures, le CPF n’y suffira pas », lâche Michel Beaugas de FO.
Droit universel
Plus que l’outil en lui-même, c’est le droit des actifs de pouvoir suivre des formations de reconversion longues, sur leur temps de travail pour les salariés, qui est en jeu. Le ministère du Travail ne le remet pas en cause, mais renvoie la bonne formule aux partenaires sociaux. A eux de « se poser les bonnes questions » et à « inventer autre chose en sortant du cadre », estime-t-on dans l’entourage de Muriel Pénicaud.
Le document d’orientation, d’ailleurs, ne ferme pas la porte au… CPF. Il invite patronat et syndicat à se demander si sa dotation doit être « différenciée en fonction du niveau de qualification de la personne et pour permettre des reconversions professionnelles ».
En savoir plus sur : https://www.lesechos.fr/economie-france/social/030900011321-pourquoi-le-gouvernement-veut-la-peau-du-conge-individuel-de-formation-2131906.php#TYzwKQIdD3i41C6Z.99